2025/11/05
C’est quoi l’identité numérique ? En gros c’est l’ensemble des données qui permettent de prouver ton identité dans le monde digital : ton nom, ton âge, ton adresse, mais aussi des éléments biométriques comme ton visage, ta voix, ton empreinte, voire ton historique de connexions !
Elle a la forme d’un passeport numérique…qui est déjà utilisé dans certains pays pour accéder à des services publics, voter en ligne, ou signer des contrats. L’Europe prépare son propre portefeuille d’identité numérique (le European Digital Identity Wallet), censé simplifier la vie des citoyens à partir de 2026. Mais derrière la promesse d’efficacité se cachent aussi de vraies questions sur la vie privée, la sécurité et la liberté individuelle.
L’idée à la base est hyper positive, car une identité numérique bien conçue permet de prouver qui tu es sans avoir à partager toutes tes données. Elle peut réduire la fraude, accélérer les démarches administratives et améliorer l’inclusion en permettant à des millions de personnes sans papiers physiques d’accéder à des services essentiels.
D’après une étude de la Banque mondiale, près d’un milliard de personnes dans le monde n’ont aucune preuve légale de leur identité, et un système numérique fiable pourrait leur ouvrir des droits fondamentaux. McKinsey estime d’ailleurs que les identités numériques pourraient générer jusqu’à 13 % du PIB supplémentaire dans certains pays en développement d’ici 2030, grâce à une meilleure efficacité et à l’intégration économique. Pour les entreprises, c’est aussi une solution de confiance, plus besoin de longs processus de vérification, tout devient instantané.
Mais il y a la face cachée du concept et qui elle est bien plus complexe et sombre ! Centraliser autant d’informations sensibles sur des serveurs ou dans des bases interconnectées multiplie les risques de piratage ou de surveillance. En 2024, plus de 500 millions de comptes numériques ont été compromis à travers le monde selon Surfshark et les identités numériques font partie des cibles les plus recherchées. Le moindre bug, la moindre faille, et des millions de données personnelles peuvent circuler librement.
C’est encore plus inquiétant quand ces identités sont gérées par des gouvernements ou de grandes plateformes qui peuvent croiser les informations : santé, fiscalité, déplacements, réseaux sociaux. On touche ici à la question du pouvoir et de qui contrôle l’accès à ton identité. C’est là aussi que la comparaison avec la Chine revient souvent avec ce fameux système de « crédit social » ne se limite pas à une carte d’identité numérique, mais il en est une brique.
En 2025, ce dispositif est déjà opérationnel dans plusieurs provinces, influençant l’accès à des prêts, à des emplois, voire à des transports publics. L’Europe ou les États-Unis n’en sont pas là, mais la logique technologique pourrait y conduire si le contrôle échappe aux citoyens ! Certains analystes parlent déjà de « soft scoring » en Occident avec des systèmes d’évaluation implicites fondés sur les données, par exemple via les algorithmes de crédit ou les assurances connectées.
Pour éviter ce glissement, des alternatives existent dont l’approche dite d’identité auto-souveraine qui repose sur le principe que l’utilisateur garde le contrôle complet de ses données. Il choisit ce qu’il partage, avec qui, et pour combien de temps. Les blockchains sont parfois utilisées pour garantir la vérifiabilité sans centralisation. Cette approche séduit de plus en plus d’États et d’entreprises européennes, car elle combine sécurité et respect de la vie privée. C’est d’ailleurs le modèle vers lequel tend le futur portefeuille d’identité numérique européen, qui promet de ne pas centraliser les données ni permettre un suivi à grande échelle.
Mais au-delà de la technologie, tout repose sur l’état ! Une identité numérique peut être un outil d’émancipation ou un instrument de contrôle selon la manière dont elle est encadrée. Sans lois solides, sans transparence sur les algos, et sans possibilité de refuser le partage, le risque est réel ! Les ONG comme Privacy International ou la Fondation Mozilla alertent déjà et souvent sur la dérive possible vers un monde où l’accès aux services dépendra d’une identité validée par l’État.
Si demain, ton score de confiance numérique conditionne ton accès à un logement, un emploi ou encore à un crédit, alors on aura basculé dans une société de notation douce, pas si éloignée du modèle chinois.
L’identité numérique n’est donc ni bonne ni mauvaise pour l’instant, c’est un outil, et comme tout outil puissant, il dépend de la main qui le tient. Bien encadrée, elle peut fluidifier la vie quotidienne, renforcer la sécurité et protéger contre la fraude. Mal gouvernée, elle peut devenir la clé d’un contrôle invisible mais total. Le vrai enjeu n’est pas seulement technologique, il est éthique et politique : qui décide de ce que ton identité dit de toi, et à qui elle parle ?
Alors, à qui voulez-vous confier votre identité ? Réfléchissez bien à cette question, car elle va devenir cruciale pour notre avenir !
Publié le 05/11/2025
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