Le musée des voleurs !
2025/11/17
Et si ce qui a été volé ou perdu pouvait malgré tout retrouver une existence ? L’UNESCO explore cette idée en imaginant une nouvelle manière de préserver le patrimoine quand les objets ne sont plus là pour témoigner.
C’est exactement ce que propose désormais l’UNESCO avec son musée virtuel des objets culturels volés. Ce projet audacieux, conçu en collaboration avec DDB Paris et le studio makemepulse, mêle intelligence artificielle et modélisation 3D pour restituer des pièces disparues, les exposer et les rendre accessibles à tous, sans limitation géographique.
Chaque objet présenté dans ce musée virtuel provient des contributions des États membres, parfois perdus depuis des décennies. Dans ce musée numérique, ces œuvres reprennent forme, leur histoire renaît, même si leur présence physique reste incertaine.
Pour donner un écrin symbolique à cette collection invisible, l’architecte Diébédo Francis Kéré (lauréat du prix Pritzker) a imaginé une architecture numérique inspirée de la silhouette d’un baobab (un arbre chargé de sens, évoquant racines et transmission).
« Les objets culturels peuvent être vus comme des racines qui fondent le vivre-ensemble de la communauté » Diébédo Francis Kéré
Mais ce musée virtuel ne se limite pas à un bel écrin : pour Alexander Kalchev, CEO et CCO de DDB Paris, il s’agit surtout d’un outil d’action : « ce musée n’est pas seulement un lieu d’exposition. C’est un moyen d’action. En rendant tous ces objets reconnaissables, on complique leur revente ».
L’intelligence artificielle y joue un rôle central. À chaque visite, chaque galerie partagée ou chaque exploration individuelle, c’est une opportunité de renforcer la visibilité de ces pièces humaines dispersées. Si certaines sont retrouvées, elles peuvent être accueillies dans une “Restitution room” spécialement dédiée.
Ce musée rappelle que rien n’est vraiment perdu car on peut redonner une voix aux objets pour réancrer leur histoire
Le lien entre le virtuel et le réel devient alors tangible. Ce musée n’est pas juste une belle vitrine : c’est une réponse concrète à l’enjeu du patrimoine perdu.
En conjuguant technologie immersive, symbolisme et engagement, l’UNESCO propose une vision nouvelle de l’usage des outils numériques. Au lieu de divertir uniquement, ils deviennent des instruments de mémoire, de réparation et de justice culturelle.
Ce musée virtuel offre une leçon : même ce qu’on croyait définitivement perdu peut retrouver une existence (au moins dans l’imaginaire partagé) tant qu’on lui redonne une voix et un nom.
Publié le 17/11/2025
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