IA : le levier de croissance inédit du commerce mondial

L’Organisation Mondiale du Commerce a publié en septembre 2025 un rapport estimant que l’IA pourrait augmenter le commerce mondial de 34 à 37 % d’ici 2040, et générer une croissance supplémentaire du PIB mondial de 12 à 13 % (Reuters). Ce n’est pas un chiffre abstrait : ce sont des centaines de milliards de dollars d’échanges et de millions d’emplois à la clé.

Déjà aujourd’hui, on voit les premières applications concrètes. Dans les douanes, des systèmes d’IA analysent automatiquement les documents pour accélérer les dédouanements et détecter la fraude. C’est ce que met en avant une étude de Prodensa : ces outils permettent de réduire drastiquement les délais aux frontières et d’augmenter la sécurité (Prodensa). Dans la finance internationale, Citi et Ant International testent des modèles d’IA pour optimiser les couvertures de change, afin d’aider les entreprises à réduire leurs coûts de hedging sur les devises volatiles (Reuters). Et au Japon, la startup Monoya utilise l’IA pour connecter directement des artisans à des acheteurs étrangers, en traduisant et contextualisant automatiquement leurs offres, supprimant ainsi les barrières linguistiques et culturelles (Axios).

Mais le vrai saut en avant arrivera avec l’optimisation des chaînes logistiques.

Aujourd’hui, c’est là que tout coince ! retards, surcoûts, incertitudes liées aux crises sanitaires ou géopolitiques. Demain, l’IA pourra anticiper les goulots d’étranglement, recalculer les itinéraires en temps réel, ajuster les stocks et garantir la conformité documentaire en quelques secondes. Imaginez des ports où les containers sont dirigés automatiquement vers les zones les plus fluides, des routes commerciales ajustées à la minute près selon la météo ou les tensions géopolitiques, et des contrôles douaniers instantanés sur la base d’analyses prédictives.

Cette transformation ne sera pas qu’une question de vitesse ! Elle pourrait démocratiser le commerce mondial. Jusqu’ici, les grands groupes avaient les moyens de naviguer dans la complexité des marchés étrangers. Avec l’IA, une PME en Afrique ou en Asie du Sud pourra exporter plus facilement, grâce à des plateformes intelligentes qui traduisent, certifient et optimisent leurs produits pour les marchés étrangers. L’OMC insiste dans son rapport sur ce potentiel d’inclusion, qui pourrait réduire les écarts entre économies développées et émergentes.

Les défis liés à l’intégration de l’IA dans le commerce mondial

Bien sûr, il y a des risques. La fracture numérique pourrait s’accentuer entre les pays connectés et ceux qui restent en marge. Les réglementations sur l’IA risquent de diverger, créant de nouvelles barrières non tarifaires. Et les mêmes outils qui fluidifient les échanges peuvent aussi être utilisés pour fabriquer des fraudes plus sophistiquées. Tout dépendra de la capacité des États et des institutions à mettre en place des standards communs et une gouvernance internationale de l’IA.

Si je devais parier, je dirais que la prochaine grande avancée du commerce international ne sera pas un nouvel accord multilatéral ni un traité spectaculaire, mais une révolution silencieuse : une chaîne logistique et réglementaire devenue intelligente. Moins de papier, moins d’attente, moins d’incertitude, et plus d’inclusion pour les acteurs jusque-là tenus à l’écart.

Nous sommes peut-être à l’aube d’un moment historique où l’IA pourrait devenir au XXIe siècle ce que le GATT (Le GATT Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce désigne un ensemble de règles élaborées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour faciliter les échanges commerciaux internationaux.) et l’OMC ont été au XXe, le moteur invisible qui redéfinit la manière dont le monde commerce.