Grokipedia vs Wikipedia !

Grokipedia est développée par son entreprise xAI, la plateforme est présentée comme une encyclopédie sans filtre, censée remettre en question ce que Musk considère comme la propagande gauchiste de Wikipédia. La première version, estampillée V0.1, a été mise en ligne avec près de 900 000 articles déjà disponibles, contre plus de 7 millions pour Wikipédia en anglais. Musk a promis une version 1.0 dix fois meilleure, affirmant que même cette première mouture était, selon lui, déjà supérieure à Wikipédia. Le lancement, un temps repoussé pour purger la propagande, a été précédé de semaines de teasing où Musk répétait son leitmotiv…

…“le but de Grok et de Grokipedia, c’est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité”.

Ce projet s’inscrit dans la continuité de ses critiques répétées contre Wikipédia, qu’il accuse depuis des années d’être contrôlée par des activistes d’extrême gauche. Dans sa vision, les médias traditionnels comme les plateformes collaboratives ont dérivé vers une lecture trop idéologique de l’information.

Grokipedia serait donc une tentative de remettre au centre une forme de neutralité objective même si, dans les faits, cette neutralité semble déjà teintée de l’orientation politique de Musk et de son entourage. L’idée affichée est de combiner l’intelligence artificielle de xAI, baptisée Grok, avec des sources citées sur chaque page, pour créer une encyclopédie dynamique et ouverte, plus rapide et, selon lui… plus honnête !

Sur le plan technique, Grokipedia repose sur une génération d’articles par intelligence artificielle, plutôt que sur un travail collaboratif de bénévoles comme Wikipédia. Cela pose une vraie question : quelles sont les sources utilisées ? qui vérifie les informations ? et surtout, comment sont corrigées les erreurs ?

À ce stade, rien n’indique que le public puisse éditer ou contester un article. Ce fonctionnement, très centralisé, rompt avec la philosophie de Wikipédia, fondée sur la participation ouverte et la relecture collective. Les risques de dérives sont donc nombreux, d’autant que les IA, même performantes, reproduisent souvent les biais présents dans leurs données d’entraînement.

Autre point relevé par certains spécialistes : le contenu de Grokipedia ressemble parfois beaucoup à celui de Wikipédia, au point qu’on pourrait se demander si certaines pages n’ont pas été “reprises” en partie.

L’argument de Musk est qu’il s’agit d’une réécriture intelligente par IA (pour ne pas dire un pompage grossier !). Mais tout n’est pas à rejeter dans le projet, si Grokipedia parvient à offrir une encyclopédie mise à jour en temps réel, générée par une IA transparente et capable de citer des sources fiables, cela pourrait transformer la façon dont on accède à la connaissance. Le problème, c’est que Musk, en jouant sur la corde de la guerre idéologique, risque d’enfermer son outil dans une logique de camp plutôt que d’en faire une plateforme universelle.

Au fond, ce lancement symbolise bien l’époque… la bataille pour le contrôle de l’information ne se joue plus seulement dans les médias ou sur les réseaux, mais aussi dans les bases de connaissances. Musk n’a pas créé qu’un site, il a ouvert un nouveau front. Grokipedia pourrait devenir une innovation fascinante si elle parvient à être réellement ouverte et fiable, mais pour l’instant, elle ressemble davantage à un manifeste politique habillé de tech !